La Fée VS le démon → { Allen Gore }

Allen finit l'assiette jusqu'à s'en lécher les doigts. Ambre le regarda faire, souriant béatement. Il mangeait avec un peu d'appetit alors qu'il lui avait dit qu'il n'aimait rien ! Le silence seulement troublé par les vagues emplissait Ambre de bien être. Elle aurait aimé que cela dure longtemps. En ce moment, elle avait l'impression que toute guerre entre eux s'étaient évaporées. La nuit prenait doucement sa place, le ciel se colorant de rose et d'orange. Ambre assista distraitement à ce spectacle fascinant.

Elle était toujours dans sa bulle quand il parla. Ce qui fit sortir la fée de son univer personnel fut ses lèvres qui bougaient. Elle entendit seulement «... 'eau douce, la magicienne?» et devina vite ce qu'il lui demandait. Sa voix était rauque et Lie s'en voulu de ne pas l'avoir déshydraté plus tôt. Ambre tendit la main vers la mer et une sphère d'eau séleva dans les airs. Elle en extirpa le sel d'un bref mouvement du poignet et dirigea l'eau vers Allen pendant qu'elle même allait chercher un contenant. Elle tendit ensuite le verre vers le démon, simultanément que l'eau s'introduisait à l'interieur.

Ambre planta alors son regard dans le sien et se rassit à ses côtés.

« Je suis désolée, au fait. Tu vas sans doute trouver ça prévisible des ''créatures du bien'', mais je suis désolée de te retenir ici. »

Pendant qu'elle parlait, elle promenait une petite sphère sur les épaules et le dos du démon. Elle se rendait bien compte qu'il détestait être prisonnier ici avec elle. Son ton de voix était doux;

« Mais je compte bien te garder longtemps. »

Elle se retenu de rajouter qu'elle irait jusqu'à lui refaire ces ecchymoses. Cruel.

Il ''remercia'' la jeune fille d'un coup de tête appréciateur. Le jeune démon s'extasia de la douce sensation de l'eau fraiche dans sa gorge. Il se sentit un peu mieux après s'être hydraté. Il finit le verre d'une traite et lui fit un petit signe pour qu'elle le remplisse de nouveau. Il avait encore soif. Ce verre ne l'avait pas rassasié. Tout en s'excusant pitoyablement de le retenir prisonnier de cette grotte et de ses blessures, elle soignait ses dernières avec ses sphères magiques et revigorantes. La douleur qui allait et venait tel les vagues de l'océan se dissipait un peu. Peut-être réussirait-il à dormir cette nuit ? Allen eut un petit sourire satisfait. Les choses rentraient-elles finalement dans l'ordre des choses ? Une gentille petite fée qui ne lui veut que du Bien et qui ne trouve que du Mal pour lui en donner du Bien. Bref. Il n'y avait de cela rien de bien impressionnant, déroutant. Il soupira presque de soulagement. Il n'avait plus besoin de se torturer l'esprit maintenant. Cependant, Ambre Odélie ne put s'empêcher d'ajouter sur un ton doucereux '' Mais je compte bien te garder longtemps '' . Il sentait dans cette légère affirmation qu'elle comptait bien, en fait, le garder avec elle pour l'éternité, quoi qu'il lui en coûte. Il tourna son regard améthyste vers elle. Les iris violettes d'Ambre changeaient doucement de couleur sous le coup des reflets orangés et rosés qui parsemaient le ciel.

Non, rien n'était plus à sa place. Cette fille n'était-elle pas en elle-même un danger qu'il méprisait et prenait trop à la légère depuis le début de cette charmante rencontre ? Ne devrait-il pas plutot se méfier de ce monstre caché sous un visage adorable de petite fée aimable ?

« Petite vipère... »

Une lueur de défi et d'amusement illumina son regard et un étrange sourire se dessina sur ses lèvres. Quelle adorable petite créature corrompue elle était, pensa t-il.

« Comment comptes-tu t'y prendre ? M'envoyer de nouveau ce sort ? Je ne me ferai pas prendre deux fois au même jeu. Et tu n'es pas assez attirante pour que je reste par désir... »

Il avait dit cela pour la provoquer, car il ne savait que trop bien à quel point elle, elle pouvait le désirer. Ardemment, même. Une petite pique pour la faire réagir, pour alimenter le feu. Sera t-il de paille ?

Elle lui remplit de nouveau son gobelet quand il le lui redemanda. L'opération ne lui prit que quelques secondes. D'autres minutes passèrent et le ciel se teintait de la couleur bleu de plus en plus. Ambre quitta un moment Allen du regard pour admirer la beauté de la chose puis se retourna vers lui quand le mot vipère s'échappa de ses lèvres. Un sourire amusé apparu sur ses lèvres et une sphère s'éleva de la mer, eau douce et fraîche, pous s'approcher du démon en prévision de remplir une nouvelle voit le contenant d'eau.

La bulle d'eau s'écrasa sur le sable maintenant frais quand Allen prononça les dernière paroles. Aucun sentiment ne passa sur son visage qui se referma comme une huitre. Son coeur ratta un battement et reparti à vive allure, colérique. Elle baissa la tête, ses cheveux cachant les rougeurs de colère qui se formait sur son visage. Elle savait pertinemment qu'il faisait cela pour provoquer sa colère et elle ne lui donnerait pas ce plaisir jouissif. Oh non. Ses yeux se fermèrent et elle attendit que sa colère, puis sa tristesse passe. Quelques secondes, quelques minutes. Quand elle eut recouvré un visage pâle et complètement impassible, Ambre afficha un sourire énigmatique et lui demanda d'une voix assurée;

« Tu veux encore de l'eau ? »

Ses yeux s'ancrèrent dans ceux du démon et elle souhaita qu'ils ne dévoilent pas sa tristesse et sa colère. La fée se répétait en boucle qu'il n'attendait que cela et qu'il ne fallait pas lui donner ce privilège. Il ne le méritait pas. Elle n'allait pas se soumettre à lui, c'est lui qui allait se soumettre à elle.

L'eau tombée dans le sable s'éleva une nouvelle fois et se positionna devant le visage d'Allen, attendant qu'il tende le verre pour y introduire une nouvelle fois de l'eau. Les paumes d'Ambre continuaient à briller et à lui picoter. Ses spirales s'agittaient encore. Depuis tout le temps qu'elle se tenait près du démon elles brillaient. Ambre prit alors conscience des sensations de douleur de son corps. Elle avait mal dans le dos, où les marques de griffes du démon avaient laissées des traces, sa joue cicatrisait.

Puis ses yeux s'humidifièrent imperceptiblement et la fée contint ses larmes en battant des paupières.

Allen dut se mordre la langue pour ne pas éclater de rires quand il vit la sphère d'eau s'écraser contre le sable fin. Comment dire ? C'était la descente la plus magistral qu'il est pu provoquer depuis son arrivée à cette grotte. Et tout ceci avec celui quelques paroles dérisoires. Il avait choisi les bons mots ou n'étais-ce pas le choix des mots, car il n'était pas Victor Hugo ou autres poètes, mais le sujet évoqué ? Ce désir palpable entre lui et elle. Cette attirance opposée. Le désir de l'inconnu et du danger. C'était bien ce qui animait toute cette passion insensé chez Ambre Odélie, pas vrai ? Ce n'était que ça et uniquement ça. La jeune fée baissa la tête, ses cheveux multicolors retombant devant son visage, afin de lui cacher sa... déception ? Rage ? Tristesse ? Peu importe. Il avait toucher son point faible quoiqu'elle en dise. Nouvelle levée de rideaux. Une nouvelle pièce à mettre en oeuvre. Allait-elle tenir le role jusqu'au bout cette fois-ci ? Tester ses réactions et ses limites devenaient un petit jeu assez amusant au bout du compte. Cette rencontre n'avait finalement pas que des désavantages de son côté.... sauf si elle se mettait en tête de l'handicaper pour le restant de ses jours en lui couper les bras et les jambes. Le démon savait bien, cependant, qu'elle ne le ferait jamais, car elle le désirait trop pour endommager son corps, sa grandiose personne, n'est-ce pas ?

Après qu'elle eut repris le contrôle sur ses émotions, Ambre tourna un visage qui se voulait impassible et peu troublé par sa remarque, mais son regard améthyste en disait tout le contraire. Elle lui proposa de lui remplir de nouveau son verre, il accepta, de plus en plus amusé par la situation. Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt ? Il aurait pu s'éviter tous ses doutes et cette constante frustration. Allen but d'une traite le verre d'eau et reposa l'objet sur la plage.

« Aurais-je touchée une corde sensible chez toi ? Ne me dis pas que tu ne t'en doutais pas. Si ? »

Il tourna son regard vers la jeune fille et aperçut avec une surprise peu contenue les larmes qui perlaient dans ses yeux violets. Qu'est-ce que c'était que ça ? Elle abandonnait déjà la partie ? Game Over ? Elle ne voulait pas le laisser s'amuser encore un peu plus ? Quelle déception. Elle avait beau battre des paupières, ses yeux continuaient de s'emplir de larmes. L'une d'entre elles se jeta dans le vide en laissant un sillon derrière son passage. Toujours avec cet étrange sourire collé aux lèvres, Allen passa le revers de main sur la joue de la jeune femme afin d'effacer ce trop plein d'émotions.

« Ouais, une corde sensible... Je sais maintenant où frappée quand tu m'emmerdes avec tes conneries pseudo-romantiques apocalyptiques. »

Il rapprocha son corps du sien et déposa un bref baiser de réconfort sur les lèvres de la fée.

« T'es pas si mal, n'en fais pas un drame. Je te connaissais plus forte que ça. Est-ce que je t'ai à l'usure, ma belle Ambre ? »

[Est-ce que c'est une assez belle surprise e_e?]

Il l'a manipulait. Il l'a manipulait. Il l'a manipulait. Ambre resta silencieuse, écoutant contre son gré les paroles d'Allen. Ses larmes coulaient à flos maintenant, après que le démon ait effacé le chemin d'une larme du rever de la main. Une main si douce, mais si meurtrière. Pleine de sang et de meurtres. La fée ne détachait pas ses yeux de ceux de son vis-à-vis, même s'ils étaient tout mouillés et emplit de tristesse. Il l'avait eu. Des larmes de rages vinrent s'ajouter au désespoir des premières. Il l'avait toujours eu entre ses pattes, même si elle s'échappait de temps en temps.

Elle voulu lui sauter au visage et lui arracher ce sourire. Elle voulait le frapper, pour le simple plaisir de le toucher. Lui faire ravaler ses paroles. Il la devança d'un geste qui surprit Ambre à un point tel que quand il rompit le baiser -qui avait un léger goût métalique, mais dont les lèvres étaient douces-, elle le regarda avec un effarement non caché. Ses paroles firent un long chemin à travers son crâne. Elle vit des lettres qui formèrent des mots, puis des phrases. Ces phrases prirent un sens et elle sourit piteusement. Sa tête se posa sur l'épaule d'Allen se réfugiant lentement dans le creu de son cou. Il l'a manipulait. Il l'a manipulait.

Il allait aussi la rejeter, repousser sa tête enfouit dans son cou. Il allait la trouver faible et puerile. Ambre respirait à pleine narines l'odeur du démon, se calmant peu à peu. Retrouvant lentement ta tenacité, poussant sa tristesse plus loin. Quand elle fut sure que sa voix ne tremblerait pas, elle parla;

« Je te déteste, mais je t'aime. Toi tu veux simplement ma mort. Ironique, non ? »

Un autre sourire, sarcastique cette fois, étira ses lèvres. Son index traça les traits du torse d'Allen, caressant les muscles. Elle attendait qu'il abatte son poing sur son visage pour l'envoyer valser loin de lui. L'éloigner à tout pris de lui-même. Éloigner le Bien du Mal. Mais sans Bien, il n'y aurait pas de Mal. Ils étaient, à eux deux, un équilibre. Un qui forme le Tout.

Le soleil avait disparut de la ligne d'horizon. Une faible lueure orangée disparaissait de l'étendue océanique. Les étoiles apparaissaient une à une sur le voile bleuté du ciel nocturne. La lune éclaira d'une lumière blanche et pure le sable fin. La grotte était plongée dans une noirceur totale, tandis que dehors un douce pénombre reignait.

Ambre s'était finalement mise à pleurer comme une enfant un peu trop capricieuse qui n'aurait pas eu sa part de gateau. Il n'allait tout de même pas lui effacer toutes ses larmes du revers de la main. Il la réconforta d'un simple baiser qui ne dura que quelques secondes. Alors qu'il avait lu dans ses yeux une rage peu contenu, il y voyait maintenant un étonnement qui lui mériterait surement un Oscar. C'était si facile de la rassurer. Il n'avait qu'à poser ses lèvres contre les siennes pour faire disparaitre sa fureur. Un simple contact, futile et sans aucune signification. Allen eut un mouvement de recul quand elle vint poser sa tête dans le creux de son cou. Cette proximité l'inquiétait et ne lui disait rien qui vaille. Le démon s'appuya sur ses mains, tendu. Il avait appris à ne pas trop la sous-estimer. Qu'est-ce qui l'empêchait de l'attaquer de nouveau avec ses rayons incandescents ? Et cette douleur lui était insupportable et était d'ailleurs la principale raison pour laquelle il était prisonnier sur ce royaume, dans cette grotte, sur cette plage. Des poussières de temps passèrent avant que la douce voix d'Ambre Odélie ne s'élève à la base de son cou et atteigne ses oreilles. Allen eut un petit rictus amusé, mais malgré tout ses sourcils se froncèrent consterné. Ces deux mouvements contradictoires lui donnaient une expression plutôt inquiétante, presque démente. Et la démence, ça le connaissait.

L'Amour et la Haine étaient des sentiments explosifs et destructeurs qu'il ne fallait jamais mélanger. Ambre le détestait surement pour son côté hautain, ses secrets qu'elle ne pouvait percée et ses innombrables défauts. Elle l'aimait aussi pour toutes ses raisons et bien plus encore... De son côté à lui, il l'aimait pour sa provocation, son regard qui défi toutes les lois et ses prunelles si familières. Mais il la détestait parce qu'elle était de la race des Fées et qu'elle défiait toutes ses conventions, toutes ses normes qui faisaient que la vie était ce qu'elle était. Elle ne restait pas bien sagement assise dans sa catégorie sans broncher. Il fallait qu'elle conteste, qu'elle le provoque, qu'elle se rapproche de son état d'esprit peu sain. Si elle aurait été issu de sa race, alors leur relation aurait été une toute autre chose. Peut-être aurait-elle réussi à la remplacer dans sa tête ?

Cette idée traversa son esprit avec une telle violence qu'il frissonna quand elle fit de petits cercles sur son torse de son doigt. Ses yeux se posèrent sur cette petite main fragile qui le caressait. C'était dérangeant parce que inhabituel. Il posa sa main sur la sienne, ses longues griffes noires se posant sur la peau douce et halée de la petite fée. Il fit cesser ses mouvements et ne lacha toutefois pas cette main. Il posa son regard améthyste dans ses prunelles de même couleur.

« Tu me sous-estimes, Ambre. »

Il ne voulait pas simplement la tuer, il voulait aussi s'amuser avec elle. Il voulait briser son âme. Il fallait qu'elle tombe de ce rêve. Allen voulait qu'elle rentre dans le rang que son esprit lui avait automatiquement assigné dans son esprit. Elle devait rester caser dans sa catégorie, un point c'est tout. Elle ne devait transgresser les règles les plus fondamentales de cette foutue existence. Tous ses airs de grande guerrière, d'enfant rebelle et de marginal n'allait pas avec ses traits de poupée et ses jolies ailes.

« Je ne veux pas seulement ta mort... je veux aussi... »

La main qui retenait celle d'Ambre se détacha et alla remonter le visage de la jeune femme vers le sien. Il colla sa joue contre la sienne dans un soupir presque dramatique. Son nez frôla le sien avant que ses lèvres ne heurtent celle de la jolie fée. Si offerte. Quel délice.

Elle avait de nouveau conscience qu'il jouait avec elle, mais elle abandonnait toutes ses précautions pour profiter du moment. Elle allait voir ensuite de ce qu'il adviendrait. Le présent, rien que le présent n'existait. Le passé et le futur c'était envolé. Tout n'était plus que la main d'Allen qui retenait la sienne et ses yeux plongés dans les siens. Ambre avait conscience qu'il n'était pas bon de se laisser aller dans les bras du démon, mais à chaque fois qu'il la touchait, elle perdait l'esprit et oubliait qu'il avait de mauvaise intentions. Son subconscient la réconfortait silencieusement en lui disant indirectement que ses mains sur la peau pâle d'Allen pouvait une fois de plus lui faire des marques violacées. Malgré tout, elle hésiterait à relacher cette puissante incandescence, car elle avait appris à connaitre cet être malfaisant. Elle savait qu'il était malheureux. Pas juste à cause qu'il était retenu avec elle, mais par son passé. Ça se sentait dans l'aura qu'il dégageait, imperceptiblement pour une personne normale, mais pas pour une fée. Ces dernières ayant des sens aiguisés, elle l'avait sentit lorsque qu'il avait posé ses lèvres sur les siennes. Elle n'y avait pas prèté attention à ce moment, mais elle s'en souvenait subitement, là. Alors que cette sensation de douleur et de chagrin qui ne venait pas d'elle la submergeait. Il y avait aussi une rage de tuer, de voir le sang coulé qui les cachait. Elle eut envi de parler, mais ne voulut pas interrompre le moment qu'elle avait souhaité revoir.

Alors que ses larmes coulaient toujours, ses bras se passèrent inconsciemment autour du cou d'Allen et elle l'embrassa avec ardeur. Ses larmes touchaient les joues du démon, encore et encore. Un peur et un désir s'entremêlaient en elle. Elle avait peur car le démon n'avait pas nié qu'il voulait sa mort. Et elle ressentait du désir car il n'avait pas terminer sa phrase avec des mots, mais des gestes qui étaient clairs. Il voulait s'amuser avec elle, profiter d'elle. Pour pouvoir la tuer plus fort ensuite. Ambre avait connaissance de tout cela, et la prudence en elle la faisait reculer en vain, battue par son envi et son désir de sentir la peau du démon sur elle. La Ambre courrageuse et déterminé était enfouie plus loin dans un côté de sa tête. Il y avait là que sentiments formant un tourbillon paradoxal. L'amour et la haine, l'envi de s'éloigner et l'envi de rester. Et plus encore. La douleur de se savoir piégée et offerte à cet être qui ne ressentait rien que de l'amusement. La peur qu'il la tue alors qu'elle était là, complètement soumise. Mais elle ne voulait pas bouger. Elle voulait qu'il s'amuse parce qu'elle en avait envi , elle aussi.

Elle était faible. Elle avait beau se penser forte et puissante, elle était terriblement faible. Les mêmes pensées se déroulaient dans sa tête. Le même cinéma. Pourtant...

« S'il te plaît, ne nie que si j'ai vraiment tord. Tu as mal, n'est-ce pas ? Tu es triste et tu as mal. Quelque chose te fait souffrir, ou t'a fait souffrir. Hormis les écchymoses, il y a quelque chose que tu veux oublier, qui te met dans une fureur noire. Je ne sais pas si j'ai raison, mais si j'ai bon, ne le nie pas. Ne raconte pas, mais je ne mentirais pas que je veux savoir. Fait juste me dire si j'ai raison. »

Ça allait rompre le moment, le briser et il allait s'éloigner de nouveau. Mais elle voulait savoir si elle avait raison, si cette douleur qu'elle ressentait de lui était bien dû à son mystérieux passé. Son nez mémorisa une fois encore son odeur, sure qu'elle ne la sentirais pas avant un bout de temps. Voire jamais encore. Ses yeux plongèrent dans ceux d'Allen et elle attendit.

Cette soirée aurait pu être magique pour la jeune fée si elle l'aurait voulu. Elle aurait pu aller loin et bien au-delà avec lui, mais il fallait toujours qu'elle ouvre sa bouche et brise l'instant. Un peu comme Coralie. Il avait l'impression de marcher sur un champs de mines. Plus il avançait, plus les risques de se faire exploser était présent. Était-elle seulement consciente de tout ce que cela lui aurait rapporter d'avoir appris à ignorer les sentiments des autres et de profiter des leurs ? N'a t-elle toujours pas analyser, compris, expérimenter; que son passé, sa vie, en bref, tout ce qui le concernait était sujet à bannir ? Devait-il déballer son sac ? Lui dire tout pour qu'enfin elle le laisse tranquille ? Ça n'avait pas fonctionner avec Coralie et ça ne risquait pas de fonctionner avec Ambre. Son passé était à proscrire si elle voulait plus que de la violence et du sang avec lui, qui avait-il de si compliqué à comprendre ? D'un mouvement sec, il enleva les bras frêles qu'Ambre avait passé autour de son cou. Il se recula et la repoussa à la fois. C'en était bien assez. Quand arrêterait-on de lui remettre en tête ce bout d'histoire qu'il se tuait à effacer de sa mémoire ? Quand le laisserait-on nager dans cette anesthésie général qu'il s'était lui-même infligé ? Il était fatigué, frustré et abandonnait les armes.

« Qu'est-ce que ça changerait si j'étais malheureux ? Si tout ce que tu disais était vrai ? Qu'est-ce que ça changerait ? Je serais moins méchant ? On pourrait avoir pitié et s'expliquer rationnellement pourquoi je tue tant de gens. Le problème, c'est qu'il n'y a pas d'explications et que mon passé n'est pas la cause de ses tueries. »

Il se mentait à lui-même. Il essayait plus de se convaincre lui plutôt qu'elle. Parce que, elle, elle savait déjà que ce n'était que mensonges. Allen parlait pour ne rien dire, car si on lui en aurait donner le choix, son existence aurait été bien différente de celle-ci. S'il avait vraiment eu le choix depuis le début, il n'aurait jamais autoriser qu'on le mette au monde. Il serra les poings rageusement. Il se sentait faible tout-à-coup, faible et vivant à la fois. Il mordait ses lèvres jusqu'au sang pour ne pas tout avouer. Ses paroles étaient comme de l'acide à son corps. Son organisme ne demandait qu'à l'éjecter pour se sentir apaiser de ses maux.

« Je l'ai mangée. »

C'était dit. Avouer. Et maintenant que ses paroles avaient dépassés ses cauchemars, ils étaient encore plus vivant. La plaie était ouverte, béante et le Mal heureux de pouvoir l'écorcher encore plus. Il tourna un visage crispé par la colère, une haine pure qu'il dirigeait envers lui-même. Ses iris améthystes brillaient sous le mépris et sa machoire était fermer durement pour s'empêcher d'aller plus loin en explication. Il fixait rageusement Ambre et se sentait prêt à lui défoncer la gueule si elle l'approchait encore. Ou si elle le touchait. Ses simples mots l'avaient écorché vif.

Ses bras fut arraché du cou du démon et elle fut repousser en même temps qu'il s'éloignait d'elle. Quand Allen répondit à sa question, elle ne parla pas. Elle avait prévu qu'il la repousse, mais elle était quand même surprise. Elle avait gâché le moment, comme elle l'avait prédi. Pourtant, elle voulait connaitre la réponse à cette question. La réponse qu'il avait donné était une question. Il y avait là des paroles à double sens, et entre les lignes il y avait la réponse qu'elle cherchait. Ambre pencha la tête de côté, commençant à réfléchir aux paroles d'Allen. Y cherchant étroitement leur sens caché. Si elle découvrait la vérité, elle aurait découver une partie de son passé. Elle fut cependant stoppé dans son étude mentale par les autres mots qu'Allen rajouta. Sa lèvre inférieur était rougie de sang et son regard était plein de haine, et la fée eut pour la première fois un peu peur de lui certaine qu'il voulait la tuer. Ambre ne comprit d'abord pas ce que le démon lui disait. Puis elle se fit trop vite une idée, fatiguée et rendu stupide par le manque de sommeil.

« Quoi ? Le poulet ? Tu es malheureux d'avoir mangé le poulet o_o ? »

Son ton était surprit, ahuri. Ses yeux était rond comme des billes. Était-il vraiment malheureux d'avoir mangé le poulet ? Pourquoi ? Il avait tuer des gens surement beaucoup plus important que ce simple poulet. Pourquoi Allen était-il donc malheureux d'avoir mangé ce volatile? Ses yeux améthystes brillaient de fatigue, pendant qu'elle se demandait encore pourquoi Allen était triste d'avoir mangé le poulet. Puis ses quelques neurones qui n'avaient pas encore dijonctées par manque d'énergie vinrent la traiter de stupide. Bien sur que non! Il était malheureux bien avant d'avoir mangé ce fichu poulet!

Elle garda son air crétin et le fixa dans les yeux. Et si elle avait raison ?

Allen était furieux et se sentait à deux doigts de l'attaquer. Après tout, c'était de sa faute s'il avait si mal à l'intérieur maintenant. C'était totalement de sa faute. Elle l'avait poussé à bout, elle l'avait amené vers des réponses et des questions encore inconcevables dans sa tête. Il voulait la tuer, la frapper jusqu'à ce que son si parfait visage ne devienne qu'une forme indistincte de sang et de stupeur. Il s'apprêtait à s'élancer vers elle, à lui lacérer le visage jusqu'à la rendre méconnaissable quand ses lèvres se mirent à bouger dans une moue curieuse et stupéfaite. Il mit du temps à analyser ce que la jeune fée venait de lui dire. Qu'est-ce que... ?

« Du... poulet ? »

La colère le transperça encore plus. Comment pouvait-elle assimiler Thalilas à de la vulgaire volaille ? Puis, il revit la scène comme un spectateur. Il se vit lui dire qu'il l'avait mangée... sans lui expliquer ce que c'était exactement. Ses yeux se posèrent sur Ambre et sa petite moue curieuse. Il laissa tomber son poing levée contre le sable fin et chaud. Ses yeux s'ouvrirent en grand, surpris. Il mordit sa lèvre pour effacer ce petit sourire en coin qui le tiraillait.

Et soudain quelque chose d'incroyable se produisit.

Allen Gore, le démon, l'effroyable ogre mangeur d'enfants était en train de rire. Un rire sincère qui le fit tomber par terre sur le dos. Il riait à gorge déployé sans pouvoir s'arrêter. Que cette situation était ridicule... qu'est-ce que ça lui faisait mal de rire, des crampes dans le ventre et les joues qui brulaient. Il voulait cesser de rires, mais il en était incapable. Et pour la première fois, il entendit le son de son rire...

Étrange, non?

Ambre ferma les yeux. Elle attendait le coup qui ne venait pas. Car elle avait vu le poing serré d'Allen se lever vers elle pour la frapper. Il parla et la fée sentit la colère dans sa voix. Elle ouvrit les yeux et elle vit sa colère se changer en surprise, puis ce sourire qu'il voulait empêcher de paraitre. Ce qui arriva ensuite l'ahurie encore plus que les paroles du démon. Il.. riait. Pas ironiquement, pas méchamment. Il riait. Elle avait donc tord, il ne regrettait pas d'avoir mangé le poulet. Sa fatigue avait complètement disparue et elle regardait Allen qui riait, allongé sur le dos dans le sable. Elle, elle, avait fait rire Allen Gore. Elle n'en revenait pas. Absolument pas.

Un petit sourire amusé prit place sur ses lèvres roses. Elle avait fait rire un démon ténébreux. Il ne semblait ne plus pouvoir s'arrêter. Elle prit soudain un air renfrogné, faussement vexée.

«Allen.. ? Arrête de rire de moi comme ça...»

Mais elle voulait qu'il continut, qu'il rit jusqu'à en pleurer même. Elle se demandait si elle devait remettre sur le tapis sa phrase. Elle refusa automatiquement cette idée, se rapelant sa fureur. Elle allait le laisser rire et voir ce qu'il adviendrait ensuite. Elle profita du son du rire du démon. Un son unique, une mélodie envoutante. Ambre aurait pû l'écouter pendant longtemps, encore et encore. Elle avait maintenant la certitude qu'il y avait du bon en lui, qu'il était plus gentil qu'il ne le disait. Elle arriverait à lui faire oublier ce qu'il c'était passé dans son passé. Son sourire amusé revint, et elle regarda Allen. Il semblait trouver cela vraiment amusant. Même si elle ne comprenait pas pourquoi, elle ne dirait rien. Elle ne gâcherait pas tout de nouveau. Il riait. Il riait. Elle n'allait pas enlever cette hilarité sur son visage, non ? Ça lui allait si bien.

Il riait. Il riait. Il riait.

Oh joie !

Allen ne pouvait pas arrêter ce rire qui sortait de ses lèvres. Il en avait mal partout. Son corps avait des soubresauts incontrolables qui causait une désagréable friction avec ses ecchymoses contre le sable de la plage. Ses joues lui envoyaient des signaux d'alerte à force d'être tirées. Le démon entendit vaguement la plainte de la jeune fée à ses côtés, mais il n'y prêta aucune attention. Même s'il l'aurait voulu, il n'aurait pas pu dans son état mental et physique. Après un moment, il finit par se calmer et il prit une grande inspiration. Bon sang ! Il avait bien cru mourir sur place. Il comprenait un peu mieux cette expression '' mourir de rire ''. La première fois qu'il avait entendu cette expression, il était resté perplexe, incapable de concevoir la chose. Le rire était censé être bénéfique, pas mortelle. En fait, maintenant, il savait que rire faisait autant de bien que de mal. Une douleur qui rassure et vous met dans un état d'extase. Le jeune homme ouvrit ses bras en croix et observa le ciel qui se constellait d'étoiles. L'air commençait à être plus frais surtout avec la proximité de l'océan comme ça. Océan, rivière, mer, peu importait. La nuit était bel et bien tombée. Ça aussi, c'était une expression qui le mettait perplexe. Comme-ci la nuit pouvait nous tomber sur la tête d'un seul coup.. La nuit tombe, le jour se lève... c'est ridicule... Bref.

Il savait qu'Ambre était à deux pas de lui, il savait qu'elle pouvait l'entendre, il savait qu'elle pourrait venir ce blottir dans ses bras à n'importe quel moment pour le consoler. Il ne voulait pas de sa pitié, mais il voulait bien de sa chaleur. Il commençait à avoir froid... Lentement, le vent se faisait plus froid et étais-ce un produit de son imagination ? ou son souffle avait-il émis des volutes de fumée blanche presque imperceptiblement ? Habillé comme il était, il allait mourir de froid dans peu de temps. Mourir...

« Le poulet, il s'appellait Thalilas. Et c'est tout ce que tu sauras, ma belle. Et ça te suffira, j'en suis sur. »

Il poussa un soupir et lentement son sourire disparut et son habituel visage impassible reprit sa place. Tout revenait à l'ordre... Tout ? Vraiment ? Alors pourquoi se sentait-il si léger, si bien ? Pourquoi devait-il serrer les dents pour empêcher ses lèvres de s'étirer en un petit sourire ? Après tout, pas la peine de se cacher, ses yeux le trahissait.

Allen finit par se calmer, et arrêter de rire. Peu après, il parla et la fée ne fit pas l'erreur de prendre ses mots au pied de la lettre. Il faisait allusion à la question stupide qu'elle avait posé à propos du poulet, rien d'autre. Il n'avait pas mangé de poulet, non. Ambre ne posa aucune autre question. Allen devait aimer cette personne appelée Thalilas, sinon il ne serait pas si malheureux parce qu'il l'avait mangée. Ambre réfléchit quelques minutes, pendant que que démon regardait le ciel. Puis elle s'approcha de lui et cache les étoiles de son visage. La fée étudia les yeux de l'homme et un sourire joyeux étira ses lèvres. Ces dernières se posèrent sur celles d'Allen et elle se blottie contre son corps sans quitté les yeux brillant et léger du démon. Il était plus beau encore quand il paraissait bien, heureux. Elle lui dit sa pensée.

«Quand tes yeux brillent de cette lueure là, tu es encore plus beau. Si seulement ces yeux là se montreraient en permanence.»

Elle avait froid, même si le corps du démon la réchauffait. Il devait en être pareil pour lui. Elle pensa se lever pour faire un feu, mais ne voulait pas bouger des bras d'Allen. Ambre matérialisa des branches de l'autre côtés du démon à environ un mètre, parfaitement allignées pour faire un feu. Elle leva sa main et un rayon incandescent se dirigea vers le bois. La lumière produite par le tube de chaleur lumineux et tourbillonant comme de la lave en fusion, éclaira la nuit. Le paquet de bois pris rapidement feu, créant de grandes flammes orangées. Ambre recoucha sa tête sur le torse du démon et ferma les yeux. Les flammes créaient une drôle de lumière sous ses paupières clauses et réchauffaient son visage.

Elle se demanda alors où était passé Néda, mais ne s'inquiéta pas outre mesure. Il était grand, il savait se débrouiller. Et puis elle n'avait qu'à siffler pour qu'il revienne vers elle, où qu'il soit.

Ses lèvres formèrent un O et elle souffla sur le torse d'Allen. Ses yeux améthystes regardaient le bois flambé et le crépitement du feu brisait le silence de la nuit noire. La douce lumière qui les envelopait semblait former une petite bulle, séparée du monde. Ambre n'avait pas reçu de visiteurs ailés jusqu'à maintenant et elle espérait que cela allait durer ainsi.

En entendant la remarque de la jeune fille, Allen ne dit rien. Il la laissa s'étendre contre lui. Tout en réfléchissant à ce qu'elle lui avait dit. Il était encore plus beau quand il souriait, quand il avait l'air heureux. Était-il vraiment heureux maintenant ? L'avouer lui avait-il vraiment enlever un poids sur ses épaules ? Aucune idée. Tout ce qu'il savait c'était que Ambre était sur lui, le réchauffait avec du bois qu'elle avait fait matérialisé et son souffle sur son torse. Il frissonna légèrement et lorsque la chaleur du feu se fut rendu jusqu'à son corps, il put se détendre. Le démon caressait distraitement la chevelure multicolore de la fée en savourant ce moment. Il se laissait toucher, caresser, il se laissait aller dans ses bras. L'une de ses mains s'hasarda dans ses cheveux, puis sur sa nuque, puis sur ses épaules et enfin son dos. Il recouvrit son cou de petits baisers, prenant bien soin d'effleurer ses clavicules. Il repassa son nez contre son oreille, chose qui la faisait affreusement frissonner. Allen passa ses bras autour de la fine taille d'Ambre Odélie. Il inspira un bon coup.

« Je m'accorde quelques faiblesses, ce soir, Ambre. »

Le démon ne savait pas jusque ou elle était prête à aller, ni ou elle voulait aller avec lui, mais il suivrait la direction qu'elle prendrait peu importe ce qu'il en était. Et s'il mourait ce soir, ça n'avait pas d'importance. Et s'il se détruisait, encore moins d'importance.


(Désolé, c'est court.)