Après avoir atteint le sommet (suite)

Allen avait presque fini de refermer sa blessure lorsqu'il se stoppa net dans son mouvement. Qu'est-ce qu'elle venait de dire? Il éprouvait de l'attirance pour elle? Mais dans quelle histoire fantaisiste se croyait-elle? Un démon physiquement attiré par une chasseuse? Et puis quoi encore! Il recommença à coudre sa peau, il fit un nœud du mieux qu'il put et sectionna la longueur de trop du fil d'un coup de dents. Cependant pour se faire, il du approcher son visage de son ventre. Réaction causé par les accusations de la blessée ou simple effet d'une réelle attirance, le démon se sentit troublé par cette proximité. Sans laisser transparaitre sa confusion, il releva rapidement son visage et se remit sur ses pieds.

« Je te l'ai dit : ne t'imagines rien. »

Il se dirigea vers les fenêtres de la cuisine précautionneusement et jeta un œil à l'extérieur. Les acteurs de toute cette action étaient partis se bagarrer plus loin. Dommage. Il aurait bien trancher la tête de un ou deux de ses démons pour calmer sa frustration présente. Retournant auprès de Coralie, il la prit un peu brusquement dans ses bras et la lança presque sur le lit. Délicatesse n'était pas vraiment un mot employé chez Allen. Il prit une des tasses de thé et la lui tendit.

« Je suis guéri, mes jambes vont mieux, ma dette est payée. Je peux partir. »

Il ne voyait pas pourquoi il se sentait obligé de tout lui expliquer ça. Normalement, il serait simplement partit, sans lui dire un mot. Non. Rectification. Normalement, il n'aurait jamais fait ça, il ne serait pas rester aussi longtemps et aurait rampé si besoin pour quitter la sombre maisonnée. Allen allait partir lorsqu'il se retourna.

« Si l'on se recroise, que va t-il se passer? »

Après tout, elle était chasseuse et lui démon.

Elle lui avait posé cette question et la réponse avait été plutôt claire. Mais Coralie avait senti un doute dans les agissements du démon. Il avait terminé de coudre sa plaie et l’avait lancé près du lit, avant de partir il lui posa une question. Décidément, c’était question par dessus question avec ces deux là!

« Si l'on se recroise, que va t-il se passer? »
«Je l’ignore…»

Voilà la seule chose qu’elle pouvait répondre, de plus, elle ne voulait pas qu’il parte. Elle était seule et blessée, que faire si un démon entrait dans la maison? Elle ne pouvait pas se défendre, en tout cas, pas pour le moment. Il avait quelque chose dans le ton de sa voix de sensuel, d’émotionnel et d’attirant. Elle ne pouvait pas le laisser partir, elle avait trop de sentiment pour lui, de l’amour? Oui, elle l’aimait, elle était tombée amoureuse d’un…Démon! Et elle en avait mal au cœur d’y penser, comment pouvait-elle être tombé aussi bas?

«Si l’on se recroise? Pour ca, il faudrait d’abord que tu aies envi de partir… Ne t’en vas pas, reste.»

Et en disant cela, elle s’était levé et avait avec douleur marché jusqu’à lui. Elle s’approcha un peu plus et posa sa main sur la joue d’Allen.

«Je crois que…»

Et elle l’embrassa sans finir sa phrase, il avait les lèvres aussi douces que la première fois qu’elle l’avait embrassé, il avait la joue toute froide et lisse. En l’embrassant, elle se croyait dans un rêve, le genre de rêve dont on ne souhaite pas se réveiller. Pourquoi lui faisait-il autant d’effets? Pourquoi avait-il un petit côté séducteur dans son regard et dans sa voix? Pourquoi fallait-il qu’il soit un démon et non un humain? Pourquoi lui? Pourquoi? Elle se posait tant de question, tant de mystère était ressorti dans sa tête, elle ne savait plus se qu’elle devait faire. Mais elle continua à l’embrasser parce qu’il avait la bouche chaude et se baiser était agréable. Elle avait entouré ses mains autour du coup d’Allen et s’était mise sur la pointe des pieds. Elle aimait être auprès d’Allen car elle se sentait en sécurité, comme si personne ne pouvait l’approcher, comme si elle était dans une bulle de protection impénétrable. Toute fois, elle ne savait pas si ce baiser plaisait à Allen, mais peu importe, en se moment, elle se sentait bien et cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas ressentie une telle joie…

« Ne t'en va pas. Reste. »

Ses mots lui faisaient mal tout comme il lui était doux aux oreilles. Diverses sensations lui parcouraient le corps et il ne savait plus laquelle attraper et utiliser. Une véritable tempête. S'il continuait à voir cette fille, il deviendrait fou sous ses questionnements et les siens. Ils étaient à l'opposé l'un de l'autre ce n'était pas étonnant qu'ils se questionnent. Toujours sur la défensive à ne pas savoir qui tuera l'autre en premier. C'était trop stressant, déroutant, insensé... Et malgré tout, ils étaient là, à se regarder et à se frôler dans l'espoir d'obtenir un frisson sans se l'avouer.

Le démon observa chacun de ses mouvements alors qu'elle se relevait et approchait d'un pas chancelant, voire fragile, vers lui. D'instinct, il connaissait ses intentions et il ne recula pas. D'un murmure, elle semblait sur le point de lui avouer quelque chose, mais elle se reprit au dernier moment. Un geste vaut bien plus que des mots. Et ses lèvres se posèrent doucement contre les siennes. Un baiser d'aveu. Allen posa ses mains sur ses épaules pour l'écarter et son corps refusa. Sa main alla se promener dans la douce chevelure de Coralie.

* Et puis merde... * Se dit-il.

Il l'embrassa lui aussi et tout comme dans un combat, il laissa son corps dirigé sa pensée et ses convictions. Dans sa tête, demain n'existait pas. N'existait plus. Il caressa les douces lèvres de la jeune femme de sa langue et immisça celle-ci dans sa bouche. Le baiser se faisant plus ardent. Il la souleva de terre et la reconduisit jusqu'au lit ou il l'étendit, se posant de ce fait par-dessus son corps. Il fit bien attention à ne pas mettre de son poids sur sa blessure fraichement cousu par ses soins. Il délaissa sa bouche et descendit le long de sa joue jusqu'à son cou, remonta et embrassa chastement sa mâchoire.

Et il alla lui souffler à l'oreille :

« M'aimer, c'est souffrir. »

Et sans même attendre une réponse, il reposa ses lèvres sur les siennes en passant ses mains sur sa peau, dans ses cheveux, découvrant chaque parcelle de son être.

L’embrasser était quelque chose d’insensé, mais de tellement bon qu’elle ne pu s’en empêcher, lui non plus d’ailleurs. Il lui avait rendu le plus doux des baisers tout en parcourant ses cheveux à l’aide de ses mains. Que faisait-elle? Mais elle ne s’en faisait pas avec le fait qu’il était un démon, il n’allait pas la tuer, il éprouvait trop de sentiment pour elle. Et ce même s’il tentait de le cacher. Il l’avait posé sur le lit et s’était mis sur elle, si beau et si doux, il l’enlaçait et la caressait partout sur son corps. Il continuait à l’embrasser, elle éprouvait un sentiment incompris et à la fois une passion intense.
« M'aimer, c'est souffrir. »
C’est ce qu’il lui avait dit avant de reposer ses douces lèvres sur les siennes.

« T’aimer c’est souffrir, mais qui souffrira? Toi, ou moi? »

Après tout, c’est lui qui avait tendance à refouler ses sentiments, depuis le début il n’était pas capable d’admettre qu’elle pouvait l’attirer. In capable de comprendre que quelqu’un s’intéresse à lui, il avait été seul trop longtemps et s’était habitué à être un démon macabre et solitaire. Coralie n’avait pas l’intension de souffrir dans cette histoire, du moins, les sentiments n’allaient pas plus loin qu’une aventure d’un soir. N’est-ce pas? Si quelqu’un souffrirait, ce ne serait pas elle, elle n’allait pas pleurer pour une histoire d’amour à l’eau de rose, non elle ne laisserait pas ses émotions prendre le dessus!

Les frissons parcouraient son corps, les mains douces et froides d’Allen se promenaient sur le corps chaud de Coralie. Elle ne pouvait s’empêcher de l’embrasser et de le caresser. Elle déposa ses mains sur le torse d’Allen et descendit pour lui détacher son pantalon, elle s’arrêta sur son ventre pour rediriger ses mains sur le dos du démon. Elle le caressa un moment, puis arrêta de l’embrasser. Elle commença à caresser son torse de ses petites lèvres pour monter jusqu’à son coup et finalement revenir à sa bouche. Elle plaça sa main contre son coup et le tira vers elle pour l’embrasser plus en profondeur, elle avait fait entrer sa langue dans la bouche d’Allen et le tenait contre elle. Elle finit par le lâcher et d’arrêter de l’embrasser pour lui poser une question qui lui trottait dans la tête depuis un moment…

« Est-ce du sérieux ou ce n’est qu’une relation à court terme? »

Ses caresses, ses baisers, cette douce attraction interdite, c'était grisant. Il était ivre de ces contacts physiques. Il n'aimait pas qu'on le touche, mais dans ce genre de situation, cela lui était agréable. Plus que agréable. Les mains de la jeune femme parcouraient son corps et lui procurait des frissons. Il passait ses lèvres dans son cou, sur sa mâchoire, ses lèvres, dans le creux de sa clavicule, partout ou il pouvait se rendre. Ses mains se promenaient dans sa sombre chevelure et il avait du mal à contenir cette drôle de sensation au creux de son ventre. Et comme elle cessait de l'embrasser, elle lui posa cette question à laquelle il se refusait de penser. Ils entamaient une vraie relation ou une histoire d'une nuit? Pour Allen, il n'y avait pas de lui & elle. Il n'y avait que lui dans son monde. Lui et sa petite personne. Le démon ne pouvait tout simplement pas accepter qu'une personne vienne s'y incruster. Une femme viendrait lui enlever ses habitudes, lui imposer ses règles et il devrait penser autant -sinon plus- à elle et ça lui causerait angoisses et ennuis.

Il soupira lourdement. Pourquoi a-t-il fallu qu'elle les arrête pour lui poser encore une question. Ne connaissait-elle pas ce mot : Spontanéité. Vivre sans lendemain. Décidément, il ne pourrait pas vivre cela tous les jours. Si ça n'aurait été de son état d'ivresse artificielle, il se serait probablement mis en colère. Posant sa tête dans le creux de son cou, il murmura ;

« Quelle importance? »

Depuis quand l'amour était quelqu'un chose qui durait à long terme? D'une manière ou d'une autre, ils ne pourraient pas être ensemble. Leurs caractères s'opposant et leurs rangs respectifs les forçant à s'entre-tuer. Et puis, l'amour n'existait plus. Et avait-il déjà exister? Ce n'était pas quelque chose que l'on pouvait voir, toucher, sentir. Un peu comme Dieu. Une invention de l'homme dans l'espoir d'obtenir un peu de chaleur, de réconfort devant les mondes inconnus qui les attend.

« Il n'y a rien que l'on puisse construire qui puisse continuer à exister dans ce monde, petite. Il n'a jamais été question de relation, d'amitié ou même d'amour. Ce n'est que dévastation, colère et plaisirs. »

Le démon posa son front contre le sien et la regarda intensément. Il n'avait pas envie de continuer. Quoique encore grisé, il n'éprouvait plus le besoin de ressentir sa peau contre la sienne et ce souffle chaud contre lui. Ni frustré, ni colérique, Allen se redressa. Lucide et conscient, il ne voyait pas pourquoi il restait là. Son visage était redevenu un masque froid et sombre. La lueur maligne de ses yeux s'était éteinte et aucun rictus n'était apparent. C'était Allen Gore.

« Je suis resté trop longtemps. »

Il descendit en bas du lit et sortit de la pièce sans un regard pour la jeune femme. Pendant un quart de seconde, il s'était sentit dérivé, tomber dans les bras et l'amour de la chasseuse. Il avait passé près de la laisser passer les barrières de son unique amour dirigé vers lui-même. Ça ne devait pas arriver. Il ouvrit la porte d'entrée de la demeure et sortit à l'extérieur ou une brise fraiche vint l'accueillir.

« À plus tard... »

Murmura t-il dans le vent, car il pressentait qu'ils allaient se recroiser un jour ou l'autre.